Deux petites citations pour la joie de réfléchir et le bonheur de vos copies de français:
"Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !"
Charles Baudelaire
"La mort n'est rien, mais vivre vaincu et sans gloire, c'est mourir tous les jours"
Napoléon Bonaparte
Sur le jeu: (PARTIE SUR GAIA)
Je vend tout mes chevaux de l'élevage "autres chevaux" (sauf les chevaux du nom "Trophées") , si vous êtes intéressé-> mp
Je vends également certaines de mes PO mais moins souvent, et ouais je me suis embêtée à personnaliser leurs noms, c'est du travail, donc je les vends pas comme des petits pains (ce smiley est horrible, je sais, vive ceux d'apple)
Par contre mon indulgence a les limites de la correction: Proposez pas des prix avec les quels vous savez pertinemment qu'une habituée au jeu comme moi va refuser... Par exemple les "je te prends ton PO pour 5000": C'est le genre de truc que je ne supporte pas C'est un jeu pas une asso' de charité
N'hésitez à m'envoyer des mps même si c'est pour discuter de tout et de rien, ça me fait toujours très plaisir d'en recevoir:)
Sur le jeu: (PARTIE SUR GAIA)
Je vend tout mes chevaux de l'élevage "autres chevaux", si vous êtes intéressé-> mp
Pour les autres élevages, la vente est difficile car je tiens pas mal à ses chevaux, mais elle reste possible:)
Par contre mon indulgence a les limites de la correction: Proposez pas des prix avec les quels vous savez pertinemment qu'une habituée au jeu comme moi va refuser... Par exemple les "je te prends ton PO pour 5000": C'est le genre de truc que je ne supporte pas C'est un jeu pas une asso' de charité
N'hésitez à m'envoyer des mps même si c'est pour discuter de tout et de rien, ça me fait toujours très plaisir d'en recevoir:)
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-> MON DAVE FRANCO<3
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! "
Charles Baudelaire
“Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh ! qu’aimes tu donc, extraordinaire étranger ?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !”
Baudelaire, Le Spleen de Paris
Petits poèmes en prose, 1869
Dissertation de terminale:
Franz Kafka est né à Prague en 1883, il est issu d’une famille bourgeoise et reçoit dans son enfance une éducation stricte. Kafka a une santé fragile, il est atteint par la tuberculose. Ainsi, il se sent à la merci d’un monde dangereux, raison pour laquelle in se réfugie dans la littérature, un endroit qui lui donne l’impression d’échapper à toute domination. Dans ses ouvrages, il fait sortir ses sentiments profonds et son intériorité éloignant ainsi toute ses angoisses les plus extrêmes. Le sujet nous invite à émettre une réflexion sur la citation de Kafka qui est « on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon lire ? Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous ». En d’autres termes, selon Kafka, nous ne devons lire uniquement les livres percutants. Pour qu’un livre dégage une si grande force au point de nous remettre en question, ils doit agresser le lecteur, le « piquer » comme le dit la citation. C’est de cette manière que nous sommes amenés à nous poser les questions suivantes : Est- ce qu’un livre peut « briser la mer gelée en nous », c’est à dire, nous remettre en question uniquement si en le lisant, on subit « une violente fracture » ? En d’autres
termes, un livre ne peut-il donc pas à la fois marquer le lecteur, le changer sans pour autant le piquer et le mordre ? Ne doit-on lire que les livres percutants, ceux qui nous adonnent à la réflexion ? Dans un premier temps, nous verrons qu’il n’est pas faux de penser qu’un livre doit frapper l’esprit du lecteur pour avoir un réel impact sur lui. Puis, dans un second temps, nous verrons qu’il existe des limites chez les livres qui nous « piquent », nous agressent et que la littérature ne peut en aucun cas être réduite à ce genre de livres. Enfin, nous nous apercevrons qu’un livre qui caresse le lecteur peut avoir un impact sur lui tout aussi important qu’un livre qui le « pique » et qui le « mord ».
Tout d’abord, il est vrai que dans certains cas, un livre doit frapper l’esprit du lecteur pour avoir un réel impact sur lui. Laisser une marque en lui est la seule manière de le faire réfléchir, de le changer, cette « plaie » ne peut que être faite grâce à un livre qui « mord » le lecteur.
En effet un livre qui heurte, est un livre qui expose violemment une vérité sur le monde autre que celle du lecteur, ce dernier vivant dans le « cocon » que lui forge sa propre
subjectivité. Ainsi, un livre qui nous mord occasionne une sorte de gêne, nous nous rendons compte que l’apparence selon laquelle le monde apparaissait sous nos yeux n’est pas universelle : les croyances sur lesquelles nos idées se fondaient, celles qui constituaient les « piliers » de notre réflexion, ne sont uniquement fruits de notre conscience qui les place en tant que certitude absolue. Il n’y aucune sensation pire que celle que l’on ressent lorsque l’on se rend compte que nos propres vérités sont en réalité qu’illusion. L’illusion nous enferme et nous empêche de nous ouvrir sur le monde. Nous pouvons ici citer les paroles de Emile de Girardin qui nous met en garde contre le dangerosité de l’illusion : « Les illusions perdent tous ceux qu'elles aveuglent. » C’est pour cette raison là que la briser et ramener l’Homme sur la voie de la vérité est nécessaire. Néanmoins, cette remise en question est une tâche difficile. Ainsi tel Henri-Frédéric Amiel l’écrivait « Rien ne nous est plus caché que notre illusion de tous les jours et notre plus grande illusion, c'est de croire que nous soyons ce que nous croyons être ». Ainsi, la vocation d’un livre peut être de nous exposer certaines vérités et de nous libérer de la cage que constitue notre subjectivité qui fait du monde une illusion. Pour ce faire, pour briser la mer gelée en nous, un livre doit nous marquer, nous frapper, nous « mordre ». Par exemple, nous pouvons parler du livre « Une connaissance inutile », de Charlotte Delbo, une œuvre exposant des sujets historiques sur le ton de la fiction. Cette dernière nous parle des camps de concentration de Auschwitz, du convoi du 24 janvier dont personne ne reviendra. à travers cet ouvrage, C. Delbo aborde des thèmes graves tel que l’amour mêlé au désespoir, à la mort. Nous sommes mis à nu face au courage et à la résistance de ces hommes et ces femmes faisant face à un monde qui se dépeuple de jour en jour. Nous observons à travers cet écrit, les mouvements de l'espoir qui s'éteint et renaît, s'éteint encore et s'acharne. L’horreur dont le récit nous fait part nous bouleverse, cette redécouverte du passé nous fait voir l'abjection dont l’Homme est capable.
Puis, lire une œuvre qui nous bouleverse, qui occasionne un gène en nous, a plus de portée, plus d’impact sur nous. En effet, une œuvre qui « nous réveille d'un coup de poing sur le crâne » laisse un souvenir impérissable en nous grâce à l’intensité des propos et le poids que les mots ont sur notre esprit. Un livre qui bouleverse notre
propre vérité contribue à la constitution d’une autre vérité nouvelle, ainsi, la puissance qui émane du livre est telle qu’elle arrive à atteindre notre intériorité, notre conscience. Ainsi, une œuvre qui ne nous marque pas ne peut pas être tout à fait prise au sérieux par le lecteur : Son message n’atteint pas son intériorité. C’est cette marque laissée en nous qui contribue à notre réflexion et dans un deuxième temps à notre éducation. La transmission de valeurs morales se font en montrant à l’individu ce qu‘est la société lorsque ces idéaux ne sont pas respectés : Pour cela, l’écrivain expose des images qui nous choquent, le lecteur prend alors conscience d’une vérité qu’il ignorait ou alors devant laquelle il fermait les yeux. Nous pouvons ici citer « le dormeur du val », un poème qui au début nous berce grâce à la description de la tranquillité de la nature et du soldat couché sainement et innocemment au coeur de cette éblouissante campagne. Puis, au dernier vers, une seule phrase suffit à bouleverser l'atmosphère sereine qui émanait de ce poème « Il a deux trous rouges au côté droit». C’est alors que toutes les phases d’avant prennent un autre sens, ainsi, la description du soldats qui paraissait neutre prends une autre tournure, les mots qui le décrivaient prennent
un tout autre sens, maintenant que l’on sait qu’il est décédé. « Sourirait un enfant malade », ainsi contrairement à ce que l’on pouvait penser au début, ce sourire n’est pas un signe de joie et de sereineté, ce sourire est le sourire d’un « enfant malade », le sourire d’une personne luttant en vain contre une déchéance certaine, le sourire de la mort. L’annonce soudaine et subtile de la mort du soldat met un coup de poignard au lecteur, c’est ce qui rend ce poème si fort. Le lecteur, choqué se rend compte de l’absurdité de la guerre et de la mort injuste de ces hommes tombés lors de la guerre. Ici, Arthur Rimbaud fait plus que de nous exposer platement des faits, l’intensité des mots et l’horreur des faits dénoncés agissent tel un coup d’épée chez le lecteur. Ce dernier sort de la lecture changé à tout jamais car le message n’a pas uniquement touché son cerveau, il a réussit à atteindre son âme.
Enfin, un ouvrage qui nous agresse, qui nous dérange, atteint notre intériorité et reste pour toujours gravé en nous. En effet, souvent, un ouvrage qui nous caresse ne peut pas opérer un réel changement chez le lecteur, un livre qui ne nous dérange pas tombe rapidement dans l’oubli. C’est pour cette raison qu’un livre qui est poignant apporte beaucoup au lecteur : En plus d’atteindre son intériorité, il se grave en lui. Ainsi, une œuvre qui nous marque ne nous fait pas voir le monde différemment de façon éphémère : Elle marque notre intériorité de façon durable. Nous pouvons citer « L’écume des jours » de Boris Vian, ce livre appartient au surréalisme. Cet ouvrage nous fait entrer dans un univers hors du commun de par sa fantaisie d’écriture « – Elle a un nénuphar ? demanda Nicolas incrédule.
– Dans le poumon droit, dit Colin. ». Mais malgré les apparences, ce roman aborde des thèmes graves tel que la maladie, la mort et le destin. En effet, la maladie de Chloé détruit la détruit elle, mais également son entourage, notamment Colin qui se ruine en tentant de la guérir de ce qui s'avère être sans doute une dépression. Le roman fait également une satire des traditions sur lesquelles repose la société telle que la religion. Pour cela, Boris Vian utilise un ton provocateur qui peut agresser le lecteur. Parmi les piques lancées au lecteur nous pouvons citer : « Je suis pauvre... dit Colin. Et Chloé est morte... Oui dit le religieux. Mais on devrait toujours s’arranger pour mourir avec de quoi se faire enterrer décemment. » ou encore « Il leva les yeux : devant lui, accroché à la paroi, il y avait Jésus sur sa croix. Il avait l'air de s'ennuyer ». Ainsi, en lisant ce livre, le lecteur peut être gêné par le style de ce roman, par l’écriture, par ce qui est dit. Ce gène lié au style d’écriture permet d’une part d’éveiller la sensibilité littéraire et encourager une réflexion poussée sur les mystères du langage. Puis, dans un second temps, le lecteur dépasse l'inconfort que lui procure le style d’écriture pour se concentrer uniquement sur la critique qui émane de l’ouvrage : celle d’une société superficielle. Cet écrit est si unique dans son genre qu’il laisse un souvenir inoubliable au lecteur. Ainsi, grâce aux bouleversements des codes d’écriture et aux provocations, « L’écume des jours » touche le lecteur, atteint son intériorité et le touche au plus profond de lui pour toujours : Il est cette « hache qui brise la mer gelée » en nous.
Ensuite, il existe des limites chez les livres qui nous « piquent », nous agressent. Face à eux, le lecteur peut ne pas avoir la réaction espérée par l’écrivain.
Tout d’abord, chacun vit selon sa propre subjectivité, cette dernière se forge sur plusieurs facteurs tel que le vécu, le milieu de vie et l'éducation. Tout le monde avance en prenant des chemins différents. Par conséquent, ces différences entre les Hommes se retrouvent également au travers du rapport qu’ils entretiennent avec la littérature. Ainsi, dans certains cas, l’amertume d’un livre peut être si rude envers le lecteur qu’elle entrave toute réflexion. En effet, la sensibilité face aux mots et à leurs portée varie d’un individu à un autre. Par conséquent, certaines personnes peuvent se retrouver si offensées face à certains propos qu’elles se heurteraient face à l’ouvrage et refuseraient d’écouter le message émis par l’écrivain. Ainsi, dans ce cas, le méprit éprouvé par le lecteur face au livre prouverait que ce dernier a eu un impact sur lui, qu’il a agit tel un coup de poing sur son crâne. Néanmoins, cette répugnance face à l’intensité et le poids du message qui émane des mots peut éloigner le lecteur de toute réflexion au sujet du livre, l’enfermant ainsi d’avantage dans la prison qu’est sa subjectivité. De cette manière, le message porté par l’ouvrage n’atteint pas l'intériorité du lecteur et par conséquent, ne brise pas le mer gelé en lui. À quoi bon lire un livre qui nous réveil mais qui, en nous offensant ainsi, ne nous mène point à la réflexion ? Par exemple, nous mentionnerons ici « les Bonnes » que Jean Genet écrivit en 1947.
C’est une pièce de théâtre novatrice pour son temps, elle repose sur la violence et le tragique. Lors de sa première représentation, elle fut très mal accueillie, à la fin de la représentation, un froid régnait dans la salle de théâtre, un comédien témoigna même que « Lors de la générale il n’y a pas eu d’applaudissements », mais un « silence total [...] C’était l’horreur ». Jean Genet connaîtra quatorze ans plus tard cette même répugnance du spectateur envers sa pièce de théâtre « les Paravents ». L’histoire se déroule en pleine guerre d'Algérie, Genet dresse un portrait réducteur des soldats et de l’armée Française ayant participé à cette guerre. La représentation eu lieu pour la première fois seulement quatre ans après la fin de la guerre d’Algérie et elle donna lieu à la une véritable bataille au sein de la salle où se déroulait la pièce : Les spectateurs accueillirent très mal la critique, elle fut perçu comme une atteinte à l’image magistrale de la France et de son armée. Lors des représentations, le public ira jusqu’à jeter des rats et du gaz lacrymogène sur la scène en espérant que cette dernière cesse. Ces deux pièces sont la preuve même que si ce qui est dit offense trop le spectateur ou le lecteur alors, elle entrave tout lien, créé un gouffre entre l’oeuvre et lui. Cela éteint donc toute transmission de message : Le lecteur ne peut en aucun cas émettre une réflexion de bonne qualité au sujet de la pièce. Il sera si heurté qu’il ira dans tout les cas à l’encontre de la pièce.
Puis, si il ne fallait lire uniquement les livres qui nous « réveil d’un coup de poing sur la tête », cela réduirait grandement l’étendu des fonctions de la lecture. En effet, si un livre peut nous faire progresser ou nous permettre de vivre une véritable aventure de découverte avec soi-même, il peut aussi simplement offrir un moment de bonheur et de bien être. Un livre ne doit pas toujours avoir une vocation de fonder le « moi » du lecteur. Un livre peut uniquement servir à offrir du plaisir à être lu. Si le lecteur devait à chaque passage d’un livre se poser mille et une questions morales, alors son intérêt pour la lecture diminuerait rapidement : il se sentirait rapidement lasse de se faire réprimander et bouleverser à chaque fois. Nous pouvons ainsi citer les paroles d’Anne Barratin « De la sagesse en excès peut devenir folie ». Les livres qui caressent sont donc essentiels, ils rassurent l’homme et donc contribuent à préserver son équilibre psychologique. Dans Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand livre l’expression de l’amour absolu dans toute sa pureté. Il ne cherche pas à délivrer de message, ni à être moralisateur. On se laisse envouter par les mots. Ils sont magnifiés par cet amour impossible. Les messages délivrés par Cyrano à Roxane atteignent la perfection puisque Cyrano a conscience de ne jamais pouvoir être aimé autrement qu’au travers du ressenti de Roxane face aux mots offerts. Nous pouvons également citer « Autant en emporte le vent », livre dans lequel le lecteur est en admiration devant l'héroïne, Scarlett O’Hara qui est une femme de toute beauté, indépendante et possédant un caractère explosif et une forte détermination pour tout ce qu’elle entreprend. Ce livre ne nous remet pas en question, il nous plonge simplement dans la vie d’une jeune femme pendant la guerre de Sécession.
De plus, un livre qui ne bouleverse pas notre intériorité et notre façon de voir les choses peut être tout autant bénéfique pour le lecteur. Ainsi, telle la philosophie le conçoit, le but ultime d’un Homme est de parvenir à un état d’équilibre avec lui-même et avec les autres. L’accès à cet état se fait par l'obtention d’une vérité intérieure fondée sur la sagesse. Nous pouvons ainsi citer les paroles de Pierre-Simon
Ballanche « L'énigme de l'homme pour l'homme a toujours été de se connaître ». Néanmoins, contrairement à ce que dit Kafka, les livres qui « mordent » et qui « piquent » ne peuvent pas à eux seuls entièrement satisfaire cette quête. Ainsi, pour atteindre cet état de réflexion qui contribuera à façonner notre esprit, l’ouverture sur le monde est un élément primordial. C’est donc à ce stade là que la lecture d’un livre qui ne nous bouleverse pas, d’un livres qui nous caresse devient important pour le lecteur. En effet, grâce à eux, le lecteur fait des découvertes sur le monde extérieur : Un livre qui mord invite le lecteur à se remettre en question et donc à se concentrer à nouveau sur lui-même et donc s’enfermer dans sa propre intériorité sans regarder le monde extérieur. Ainsi, les livres qui caressent sont un passage obligé car avant de se fonder soi-même, il faut apprendre à connaître ce qui nous entoure et non pas uniquement réfléchir sur son propre « moi ». Par exemple, nous pouvons parler du « Tour du monde en quatre-vingt jours » de Jules Verne. Cet ouvrage invite le lecteur à s'immerger dans des cultures qui lui étaient jusqu’à lors inconnu. Dans ce livre, il n’y a aucun point qui puisse amener le lecteur à se remettre en question lui-même. Ainsi, il
se concentre pleinement sur les informations qu’il reçoit au sujet des quartes coins de la terre. Cette connaissance sur ce qui entoure le lecteur constitue la première étape dans sa constitution de son « Moi » intérieur. Ainsi dans un second temps, en lisant des livres qui le bouleversent, qui le « mordent », le lecteur pourra alors se remettre en question en s’appuyant sur les connaissances acquises lors de la lecture de livres qui caressent et ainsi arriver à son but ultime : se fonder pleinement. Un livre qui caresse permet donc dans certain cas de varier les connaissances du lecteur, c’est une étape nécessaire si il veut pouvoir par la suite fonder son propre « moi ».
Pour finir, un livre qui caresse le lecteur peut avoir un impact tout aussi important sur lui qu’un livre qui le « pique » et qui le « mord ». Un livre qui ne donne pas de coup de poing sur le crâne peut également amener le lecteur à se remettre en question, cependant cette remise en question sera faite plus en douceur.
En effet, contrairement à la thèse énoncée par Kafka, la puissance d’un livre ne se trouve pas forcement dans la gène qu’il occasionne chez le lecteur. Ainsi, la force des livres peut se retrouver dans la beauté et le poids des mots et non pas dans le picotement que les propos causent au lecteur. Les mots dans leur force et leur beauté transportent le lecteur, l’émeuvent et lui font découvrir des ressentis forts. Les mots peuvent ne pas comporter d’enseignement ou de prise de conscience lorsqu’ils sont musique. Néanmoins, le lecteur ne ressort pas moins marqué intérieurement de ces livres. Le lecteur se laisse bercer et la musique des mots peut l’apaiser, le rendre heureux, le consoler. Victor Hugo dans « les contemplations » évoque l’amour de sa fille trop vite partie. Dans le poème « Demain, dès l’aube » les mots se précipitent pour mettre en valeur l’empressement qu’il éprouve à se retrouver sur sa tombe. Le rythme de l’enchainement des groupes de mots traduit parfaitement l’émotion ressentie. Dans ce poème, on partage véritablement la douleur de ce père. « je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe, un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur ». Dans ce poème, les mots ne nous mordent pas et pourtant, ils nous marquent, nous invite à écouter nos émotions intérieures et, participent à notre enrichissement personnel. On peut aussi évoquer la musique du poème « sous le pont Mirabeau » de Guillaume Apollinaire : « vienne la nuit sonne l’heure, les jours s’en vont, je demeure », la musique des mots nous fait écouter le bruit de l’eau qui coule. Les mots peuvent émouvoir le lecteur. Leur force laisse une empreinte dont on ne peut se lasser. C’est le cas du poème de Paul Eluard « liberté ». « Et par le pouvoir d’un mot, je recommence ma vie Je suis né pour te connaître, pour te nommer, LIBERTE ». Ces mots porteurs d’émotion contribuent à construire l’individu.
Puis, les livres peuvent caresser, transporter. Cette fonction est importante car le livre devient ami, confident. En effet, la relation que l’on a avec un livre qui « pique » est bien différente, elle est bien plus distante. Grâce à un livre qui caresse le lecteur, ce dernier peut aisément tisser des liens avec lui. Ainsi, cette proximité avec l’oeuvre nous permet d’absorber tout les messages qui émanent d’elle : C’est comme si le livre nous murmurait à l'oreille. Cette intimité créée avec l’ouvrage et nous est tout à fait bénéfique : La confiance que le lecteur à vis-à-vis du livre fait que ce dernier est plus docile, il ouvre naturellement son esprit aux propos et aux messages que veut transmettre l’ouvrage. Par conséquent, son intériorité s’enrichit s’enrichit en douceur.
Dans le livre écrit par Philippe Torreton « mémé », on est transporté dans l’enfance de l’auteur. L’amour qu’il porte à sa mémé est chargé de tendresse. Il décrit ses habitudes, sa rigueur. Sa vie est simple mais elle est heureuse et son petit fils se sent bien auprès d’elle. « mémé, ça ne se dit plus, mais c’était ma mémé.... ».
Grâce à cette incursion dans l’enfance de l’auteur, le lecteur est nécessairement projeté, transporté dans la sienne, le livre le réveil donc en douceur et l’invite à se rappeler de son passé. Nous pouvons également parler du « Petit Prince » de Saint Exupéry. L’histoire se déroule dans un cadre complètement éloigné de la réalité. Cet éloignement de la réalité renforce la volonté de l’écrivain de dénoncer les vices humains de façon calme et posée. De la même manière, Le petit prince est un personnage touchant pour le lecteur, par conséquent, ce dernier ne se heurtera jamais à lui, il ne se sentira jamais « mordu » par les propos de ce héros. Ainsi, le « Petit Prince » dénonce l’enfermement des personnes dans certaines attitudes qui mettent à mal la réflexion. On citera, ici, la vanité et tout ce qu’elle génère de désagréable. Lorsque le Petit Prince arrive sur la seconde planète de son voyage, il rencontre un homme imbu de sa personne. Voyant le Petit Prince, il dit « voilà la visite d’un admirateur ». Sur la première planète, il rencontre un roi avide de domination. Face à son discours rébarbatif, le petit Prince ose bailler. Pour ne pas perdre la face, le roi lui dit « je t’ordonne de bailler ». Ce livre est un magnifique révélateur des vicissitudes de l’âme humaine. Le Petit Prince et sa candeur, son optimisme, sa fraicheur nous incite à réfléchir sur nous même.
Enfin, une littérature qui donne un coup de point sur la tête ne pas être destinée à toutes les personnes. Parfois, une littérature qui caresse est plus adaptée et bien plus efficace. En effet une littérature violente qui aborde des thèmes graves de façon direct dans le but de nous gêner et ainsi de nous faire réagir ne convient pas à tout les âges. Ainsi, pour un enfant, ce soupçon de remise en question doit se faire en douceur et les thèmes abordés doivent être mis en évidence de façon imagé, le livre doit paraître assez « caressant » au premier abord. Si cela n’est pas fait ainsi, le lecteur risque de pas comprendre et d’être trop choqué pour tirer un enseignement du livre. C’est de cette manière que les livres qui caressent peuvent avoir chez eux un impact tout autant important qu’aurai un livre qui mord chez un adulte. Par exemple, les fables de Jean De La Fontaine abordent de façon imagée et avec une certaine légèreté apparente des problématiques réelles. C’est là que toute la subtilité de l’écrivain se retrouve. En effet, l’utilisation d’animaux pour dénoncer l'essoufflement d’une société à rongée par le vice atténue l’effet cinglant sur le jeune lecteur que pourrait provoquer cette dénonciation si elle c’était faite en terme cru. Nous pouvons citer « Le corbeau et le Renard », fable dans laquelle grâce à un renard, un corbeau et un fromage, Jean De La fontaine dénonce la vanité humaine et démontre également l’influence que les mots peuvent avoir sur celui qui les écoute. De même, dans « La Cigale et la Fourmi », l’écrivain invite le lecteur à se poser des questions : Faut-il être prévoyant comme la fourmi ou faut-il profiter de la vie comme la cigale ? Faut-il être égoïste comme la fourmi qui ne veut pas prêter ses réserves de nourriture ou alors, faut-il être altruiste comme la cigale dont le chant profite à tout venant ? Le jeune lecteur est donc invité a avoir un jugement sur le fonctionnement de la société, son esprit critique se consolide,
le livre lui apporte ainsi beaucoup sans pour autant avoir agit tel un coup de poing sur lui.
Pour conclure, nous avons vu qu’un livre qui mord et qui pique peut être cette « hache fend la mer gelée en nous ». Dans un premier temps un livre qui nous agresse, nous marque. Dans un second temps, il atteint notre intériorité et enfin, il y laisse une marque ineffaçable dans le temps. Les fortes répercussions d’un livre qui mord chez le lecteur constituent le principal atout de ce type d’ouvrage. Néanmoins, comme nous l’avons vu, il existe des limites chez les livres qui nous « piquent ». En effet, ils peuvent heurter le lecteur au point que ce dernier refuse tout message de la part de l’écrivain. De plus, la littérature ne peut pas être limité uniquement aux livres qui agressent et remettent en question le lecteur : Cela aurait comme conséquences d’appauvrir la littérature et de déséquilibrer l’Homme. Les livres qui ne remettent pas en questions instruisent l’homme et posent ainsi les bases de son intériorité. Pour finir, un livre qui caresse peut lui-même participer au réveil de l’âme humaine : la beauté des mots peut également participer à marquer l’intériorité de l’homme. De plus un livre
qui caresse peut être un confident pour le lecteur. Ce dernier sera ainsi plus ouvert à la moindre critique. Pour finir, les livres qui caressent et leurs fictions sont également un moyen ludique et non brutale d'élévation de l’âme.
Caroline.V
Sources :
https://www.babelio.com/livres/Delbo-Auschwitz-et-apres-tome-2--Une-connaissance- inuti/71286
http://www.linternaute.com/biographie/franz-kafka/